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TRAIL DE MUNSTER (20 et 21 octobre 18) : 2 courses, sinon rien ! (72 km 4000 de D+ ET 33 km et1600 de D+)

TRAIL DE MUNSTER (20 et 21 octobre 18) : 2 courses, sinon rien ! (72 km 4000 de D+ ET 33 km et1600 de D+)

 

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Août 2018, je consulte le calendrier français des trails, en fixant prioritairement mon attention sur la période des vacances de Toussaint. Après avoir vite renoncé au trail du lac du Bourget dont l’avantage était la proximité d’avec le 69, département de mes tantes (décevant quand on apprend qu’en guise de prologue à la course on doit parcourir pas loin de 10 km de piste cyclable et chemin plat et que le dénivelé est inférieur à mes espérances), je jette mon dévolu sur la première vraie édition du trail de Munster. L’an dernier, les épreuves des 70 et 30 km avaient été annulées en raison de vents violents . Cette année, la date est en plus avancée de près d’un mois par rapport à l’année dernière – et ce, pour plus de sécurité.

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Je peaufine de jour en jour ma préparation trail : seuil, fractionné, travail en côte, sorties longues, rando – course. Celle du Mullerthal fin août en compagnie de mes amis fut un régal à tous égards, un grand moment de plaisir partagé.

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Mais en raison de petits soucis de santé, je suis amenée plusieurs fois à « casser » le rythme de mes entraînements. Le moral et la motivation restent malgré tout intacts, ou presque.

 

Septembre : je décide de m’inscrire également sur le 33 km prévu dimanche 21 octobre, départ à 8h30. Après tout, autant en profiter ! 2 courses,sinon rien ! C’est le début des vacances de la Toussaint ; la vallée de Munster offre un écrin de paysages et de décors somptueux en cette saison aux chaudes et flamboyantes couleurs, surtout quand le soleil est de la partie.

J’habitue bon gré mal gré mon corps à accumuler les charges de travail. L’épreuve dominicale sera de toute évidence difficile, mais à envisager comme un « dessert » à déguster lentement, pour reprendre une métaphore de notre extra – poète – ultra – runner messin, Olivier.

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Vendredi après – midi, jour J moins 1: après une petite sieste et après avoir rassemblé toutes mes affaires, j’embarque tout et me dirige vers Munster en Alsace – séquence souvenirs : j’entends déjà les cloches des vaches tinter dans mes oreilles, celles que j’entendais aux grandes vacances passées avec papa – maman – soeurette – cochon d’Inde - dans la vallée de Munster il y a plus de 30 ans ! Le temps passe, mais la vallée n’a pas pris une ride …

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La route s’avère longue en raison des ralentissements veille de vacances, et éprouvante quand il faut franchir cols et entreprendre les petites routes à la nuit tombée. J’arrive à 19H58, tout juste pour l’enlèvement des dossards et des petits présents qui les accompagnent : un bonnet Salomon bleu pour le 33 km, et une casquette noire Salomon pour le 70. L’hôtel est à deux pas, pas un pas de plus puisqu’il suffit de traverser la route pour accéder à la zone de départ des courses.

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Repas pris au restaurant de l’hôtel, une grosse tranche de Munster en guise de dessert, préparation de mes affaires pour le lendemain, ne surtout rien oublier ; quelques poèmes d’Olivier lus pour trouver la sérénité et glisser imperceptiblement de la veille au sommeil ...mais le réveil sonne déjà à 4H45 ! Petit déj’ rapidement englouti, l’appétit ne s’est pas réveillé. Il fait frais, mais sans excès, le ciel est dégagé et annonce une météo exceptionnelle. Je pars tout de même avec un vêtement chaud.

 

Briefing de départ : la forme est au rendez – vous, j’en suis fort étonnée ! Top départ, le chrono est lancé pour 72 km de vives sensations, il s’éteindra bien avant l’arrivée pour cause de batterie insuffisamment rechargée. Vaut mieux la montre que moi !

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Le parcours de nuit est extra et grisant ; je ne vois cependant pas le bout de la première montée! Je m’économise en prévision des difficultés que nous connaîtrons de jour. Un premier ravito en eau est proposé au Petit Ballon (km 7), mais je poursuis mon chemin, nulle envie de casser une cadence qui me sied à merveille. La descente sera tout de même longue et tapante, les cuisses font déjà la grimace et prendront impitoyablement leur revanche au bout de quelques dizaines de km. A ce moment de la course, je suis comme sur un nuage, les pieds battant la mesure au sol et la tête encore dans les étoiles au point que subitement il me semble redescendre sur terre, me demandant comment j’ai pu ne pas trébucher sur les cailloux ou faire un faux pas tellement mes pensées flottaient ailleurs, ma conscience comme dissociée ou divagante …

 

Deuxième ravito, cette fois liquide et solide ; nous sommes au Schnepfenried : de délicieux bretzels nous sont proposés … et ça remonte.

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Je papote avec une Allemande qui me demande si c’est la deuxième ou la troisième montée. Nous sommes seulement au 28ème km ! Je ne parais pas la rassurer en lui répondant « nur die zweite ». Elle souffre un peu (elle finira tout de même sur le podium!). Nous allons nous retrouver à intervalles réguliers. Pour ma part, des douleurs qui n’ont rien à voir avec le fait de courir apparaissent et me ralentissent quelque peu. Vessie gonflée à bloc, je m’arrête dans un refuge, l’occasion de me reposer un peu.

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Je parcours ensuite toute la ligne de crêtes jusqu’au Hohneck, rattrape un certain nombre de coureurs puis aperçois le 3ème ravito au Schallern (km 37). J’y retrouve l’Allemande qui reprend des forces. Moi – même je me restaure mais sans plus. Je repars au bout de quelques minutes, descends un sentier très ombragé (et partant, très humide) et très caillouteux sans me méfier … et c’est la chute sur les fesses offrant il faut l’avouer un bon amorti !

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La course au fur et à mesure que le soleil s’élève dans l’azur pur dévoile des paysages splendides de petite montagne, une nature aux reflets chatoyants, aux teintes mordorées, des sentiers de plus en plus sauvages et escarpés pour mon plus grand bonheur, mais au 50ème km environ, le rythme de mes jambes ralentit brutalement, mes jambes ne répondent plus aux injonctions de mon cerveau...l’hypo me guette (jambes flageolantes, vue brouillée), prévisible mais sournoise. J’engloutis sur – le – champ une barre entière si bien que progressivement je sens les forces revenir. J’aperçois au bout de quelques km le 4ème ravito, mais un coureur me montre le « mur » à franchir (une piste noire) pour mériter la collation. Petit coup au moral ! Ouf la piste n’est pas longue mais 100 m de d+ quand même !

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Je l’aborde sagement, pose simplement un pied au – dessus de l’autre et évite de regarder le sommet. Encore 500 mètres à parcourir avant d’atteindre le ravitaillement du Tanet (km 54) où je fais le plein de pommes de terre grillées (un délice) et de bananes ainsi que d’eau gazeuse. Je prends mon temps. Les bénévoles sont toujours disponibles et sympathiques. Il reste un peu plus de 15 km. Ce n’est quasiment que de la descente, une descente périlleuse et cassante par moments. La fatigue me fait perdre un peu de vigilance. Je butte soudainement contre une pierre me propulsant dans les airs sur deux ou trois mètres pour atterrir sur de grosses pierres. Plus de peur que de mal ! Les cuisses aussi donnent des signaux de « j’en ai marre des descentes raides »). Dernier ravito 7 km avant la fin au Glassborn. Le plaisir de courir m’accompagnera toutefois jusqu’au parc Hartmann, malgré une descente en zig zag très technique sur Munster. J’aurai mis 11H03, classée 133ème sur 333 finishers (pas loin de 400 au départ) au scratch, et 9ème femme sur 27. Le ravito d’arrivée est exceptionnel : je me rue sur les yaourts Bibeleskaes (parfums rhubarbe, pomme / cannelle ou mirabelles). Le soir je me restaure au « P’tit Munster », un petit resto qui a tout d’un grand, une cuisine entièrement faite maison à base de produits du terroir et du jardin. Prix très abordables, en plus.

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Dimanche, 8H25 : encore une journée qui promet d’être radieuse. Munie de mes bâtons, je me place à l’arrière, un peu dubitative …

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Nous parcourons facilement plus d’un kilomètre sur le macadam au grand dam de mes cuisses qui crient « il faut être « mad ! ». Les 20 premières minutes seront vécues comme un supplice. Je pars doucement et profite bien entendu des bâtons pour soulager les jambes.

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Au détour d’un chemin je tombe sur Anne – Sophie qui n’est pas au meilleur de sa forme (elle a dû renoncer au 70 km) mais toujours super souriante et débordante de gentillesse. Le premier quart de la course est tout nouveau pour moi avant de se confondre avec des portions du 70. Le 33 km n’échappera pas à la piste noire !

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Courir en queue de peloton me plaît énormément : le rythme est cool, allègre, du temps pour admirer les paysages, palabrer avec les coureurs, partager des expériences, s’extasier ensemble sur la beauté des décors, souffrir ensemble, bref vivre intensément et pleinement l’instant présent sans pression aucune. J’apprends beaucoup : je me rends compte que les coureurs classés dans les derniers n’ont pas moins de mérite que les premiers, bien au contraire, ils luttent vaillamment contre toutes formes d’adversité, sont persévérants, humbles, forcent mon admiration et mon respect. Pour moi, il n’y a pas de grands et de petits coureurs, il n’y a que des coureurs embarqués dans le chemin de la Vie dont le parcours qu’ils font ensemble avec toutes ses vicissitudes n’est qu’une sorte de représentation en miniature.

 

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On nous annonce soudainement plus que 20 minutes pour rallier la barrière horaire (ravito 1 du Tanet). D’abord la piste noire que j’avale comme un amuse – gueule grâce aux bâtons, puis un peu de répit au ravito. Je connais de toute façon la suite sur le bout des doigts, ou plutôt sur le bout des pieds. Je continue de discuter çà et là avec des coureurs, mais au bout d’un moment mes jambes réclament un peu plus de célérité ; je cède à leur désir. Arrivée au dernier ravito, restent quelques km.

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5H22 de course. Mon meilleur classement sur un 30, celui de la bonne humeur, du bonheur de courir, un classement qui a du sens et de la valeur, car oui, je l’avoue, c’était éprouvant par moments en raison de la fatigue musculaire, mais tellement bon pour le moral et l’équilibre.

 

Ce week – end alsacien fut merveilleux, j’en ressors la tête remplie d’arrêts sur images fabuleux, de visages parfois crispés mais souriants au fond, de mots d’encouragements jaillissant par cascades de la part des supporters, randonneurs et bénévoles, (merci à ces derniers, ils sont tellement indispensables), de couleurs lumineuses, d’instants de vie précieux et authentiques.

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Un grand merci à toutes celles et ceux qui y ont cru dur comme fer, et m’ont avant et pendant la course insufflé par la pensée des ondes d’encouragements que j’ai captées au passage, et bien souvent au bon moment …

 

Un immense bravo aux amis retrouvés, à Sylvain et à Henri que je n’ai pas vus et qui ont vaincu ces terribles 70 km, distance sur laquelle ils sont encore novices.

Un grand merci à Nicolas Fried (photo titre), à Vrai Rose pour certaines photos et à Serge Ungersberg pour les 2 dernières photos

 

« Quand tu fais du trail, tu ne cours jamais seul.

Tu finis toujours par avancer main dans la main

avec toi – même, uni à celui que tu es au fond de toi

par les liens sacrés du running et d la nature ». (Olivier Cabrera)



25/10/2018
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