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ULTRA DU HEROU (Belgique, 9 sept 2017) : 80 km, 3830 m de D+ : BIENVENUE EN ENFER !

ULTRA DU HEROU (Belgique, 9 sept 2017) : 80 km, 3830 m de D+ : BIENVENUE EN ENFER !

 

 

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Inscrit sur le 16km que pour un cas de force majeure il ne pourra honorer, 2ni me demande si je suis intéressée par ce trail belge qui compte 4 formats : 9, 16, 37 et 80 km. Je m’informe directement auprès de l’organisateur à qui j’envoie un mail pour m’assurer que ce trail est vraiment rude, car certains trails belges affichent ou vantent leurs difficultés sur le papier, mais une fois sur le terrain, c’est une autre affaire, une affaire qui souvent roule … Néanmoins, tout est relatif,je l’admets. L’organisateur promet que ce sera hard.

 

 

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Je consulte deux blogs offrant de splendides photographies de la vallée de l’Ourthe et de l’éperon que forme le Hérou (éperon rocheux de 1,5 km barrant le cours de l’Ourthe. On dit que c’est du haut de ce roc qu’un héraut proclamait les sentences rendues par la haute cour de Nadrin. Le rocher sera d’ailleurs visité par Victor Hugo en 1862 …). Je suis immédiatement sous le charme, déterminée à faire l’ascension de ce rocher magique et à découvrir au rythme de mes pas les beautés ardennaises. L’organisation, qui plus est, semble irréprochable à tout point de vue. Je finis par m’inscrire (25 euros seulement le dossard ! Aucun bénéfice pour l’organisation puisque l’argent est destiné à une association humanitaire), consciente que depuis la 6000D les entraînements ne sont pas à la hauteur du Hérou … Peu importe, j’ai l’expérience, la résistance, le goût du défi et toujours cette soif intarissable de découverte et d’aventure hors norme.

 

 

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Je réserve deux nuits à l’hôtel des 5 Ourthes qui se situe tout au bout de la rue du Hérou à Nadrin, à quelques mètres du rocher … Le voyage jusqu’à Nadrin sera, ce vendredi soir, assez long et pénible, les pluies battantes qui frappent les Ardennes depuis plusieurs jours, continuent de tomber inlassablement ce soir – là … Je finis par trouver l’hôtel, y retire mon dossard, fais connaissance avec Jean – Phil de l’organisation (inscrit sur le 37), sa femme et Jess (mais qui porte le doux nom de Jess ?). Je ne tarde pas à fermer l’oeil et à rêver une dernière fois de ce rocher. La pluie tombe toute la nuit. A 4h, je descends prendre mon petit – déjeuner, demande à Jean – Phil s’il pleut toujours. « Non, il ne pleut pas, il douche ! » me répond – il. On m’emmène ensuite sur le départ, à 2 km de l’hôtel. Je suis quelque peu inquiète : ça va glisser ! Ce qui est génial, c’est que sur les 3 ravitaillements on peut faire déposer un sac de change avec le nom dessus. Je dépose donc un sac pour chaque ravito, dans chaque sac, une provision de pommes de terre, des vêtements propres et accessoires divers.

 

 

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Une bouteille de 9 litres de LUPULUS !

 

 

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Un briefing est donné peu avant 5h. 85 inscrits, 66 partants dont 10 femmes.

 

Nous sortons, la pluie tombe en continu, mais en fin rideau. Heureusement pas de vent et des températures clémentes. Quelques mètres de route, on bifurque à droite avant de s’engouffrer dans les profondeurs ténébreuses des Ardennes. Le premier raidillon ne se fait pas attendre ; ça coupe net les guibolles, la pente est assez raide, la terre friable et chassante. On commence à prendre de la hauteur ; le parcours de nuit nous emmène sur un sentier qui laisse deviner par l’imposante silhouette des rochers et l’aspect de la flore un décor majestueux et prometteur. Les premiers km sont un régal en terme de parcours et de paysage. Le « la » est donné … Les averses s’intensifient par intermittences alors que la nuit est encore noire, pour ne plus se réduire qu’à quelques gouttes de pluie au lever du jour, favorisant la naissance de bans de brumes fumant au dessus des cimes ardennaises et ravivant le côté mystérieux et sauvage de cette contrée inconnue.

 

 

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Le parcours me fait ensuite pénétrer dans une forêt immense et luxuriante, peuplée d’êtres invisibles et silencieux. Je me vois comme un tout petit point perdu dans l’immensité de la nature...ça y est, le vertige pascalien s’empare de moi … mais tout en laissant mon esprit s’aventurer dans les méandres de la pensée philosophique et mes pieds laisser leur empreinte sur l’humus douillet, je réalise soudain que ma poche à eau est à sec. Trop habillée sur le départ, j’ai trop puisé dans la gourde. J’ignore combien de km restent à parcourir jusqu’au 1er ravitaillement situé au 22ème km. Je pourrais boire à même l’Ourthe, mais il n’y a plus de passages à gué.

 

 

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Enfin, le ravitaillement est annoncé, petite pause bénéfique, le temps de renfiler du sec, de vider les baskets, de remplir la gourde, d’absorber quelques calories, et c’est parti pour cette 2ème étape, une étape qui sera riche et sensationnelle, et toujours ce fil conducteur, l’Ourthe que je longe un bon moment avant d’attaquer le dur de la course :

 

 

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des passages escarpés entre les rochers, avec ou sans corde, tout un éventail de difficultés avant d’affronter valeureusement le nec plus ultra de la course en terme de paysage : l’ascension du rocher éponyme qui mérite qu’on se sacrifie corps et âme pour lui tant la vue sur la vallée et ses méandres est imprenable. A cela s’ajoute l’humidité rendant les pierres extrêmement glissantes. La vue est à couper le souffle, je n’imaginais pas que l’Ardenne belge pouvait receler tant de trésors naturels.

 

 

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D’autres difficultés se dressent sur le parcours comme cette terrible descente, véritable verticale truffée d’embûches, plongée dans le vide (ou plutôt dans l’Ourthe) ; même en saisissant fortement la corde, je me fais quelques belles frayeurs et fais monter en flèche mon taux d’adrénaline.

 

photo tirée du blog "Les sentiers du Phénix":

 

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2ème ravitaillement, sous la pluie … à l’abri tout de même. J’avale mes pommes de terre et celles préparées par l’organisation qui a pensé à tout ! Les tables sont richement pourvues. Une dame me tend une tasse de thé vert à la menthe brûlant, tout mon organisme est inondé par cette onde de chaleur. Je me change encore, nous sommes à peu près à mi – parcours.

 

 

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C’est reparti, le plus coriace a été fait en matière de dénivelé et de technicité. Mais la suite est loin d’être facile et roulante, les km s’accumulent, la fatigue aussi, et à vrai dire je ne prends pas ce trail à la légère, je cherche même à me dépasser et à lutter constamment contre toute tentative de baisse de régime. Je perds 30 minutes, pas vu la flèche, je ne suis pas la seule ; j’avoue que ça me contrarie, non pas que je perds quelques places, pas du tout, mais je n’aime pas me tromper et je me fais un point d’honneur d’arriver avant la tombée de la nuit.

 

 

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Encore des passages à gué (une spécialité belge!) ; celui qui précède de quelques km le dernier ravitaillement se présente comme un passage critique et périlleux. Je suis en groupe et me fais aider. Figurez – vous qu’en posant les deux pieds (je dirais même pour moi les deux jambes!) dans l’eau, il faut se cramponner fortement à une branche pour ne pas être emporté par le courant. Au bout de quelques mètres, l’eau me montant jusqu’en haut des cuisses, je me fais alors aider (merci Fred !),

 

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car sans bâtons c’eût été très très dur de ne pas être déviée ou déséquilibrée par les eaux furieuses. Je croise aussi sur cette étape (avant le terrible passage à gué) un coureur blessé (épaule déboîtée) attendant avec un autre coureur les secours. J’ai mal pour lui !

 

 

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J’atteins le 3ème ravitaillement installé dans une grange, ça sent bon le foin. Je retrouve de nouveau Jess qui par sa gentillesse me redonne des forces. Il reste 12 ou 3 km à parcourir. Il faut compter 3h au maximum.

 

 

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Il y a du roulant, mais aussi et encore des chemins embourbés ou tout ruisselants, des raidillons sur lesquels je bénis la nature d’avoir à intervalles réguliers « planté » des arbustes servant de rampes.

 

 

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Je sors de la forêt, débouche sur la route (seule partie bitumée un peu longue), celle que la veille j’ai empruntée en voiture sous une pluie battante, et qui nous fait franchir un pont au bout duquel je reconnais la direction La Roche en Ardenne. Bref, ça sent la fin … la nuit laisse peu à peu ses voiles recouvrir le village de Nadrin et ses splendeurs environnantes plongées dans une semi – obscurité qui me fait hâter le pas. J’aperçois alors la petite place, tourne à gauche, franchis heureuse la ligne d’arrivée non sans avoir une dernière fois gravi le petit rocher rocher symbolique. Je suis tellement sonnée que j’en oublie de sonner la fameuse cloche qui se dresse au dessus de chaque finisher pour sonner sa victoire.

 

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Je viens de courir 15h et quelques (classée au milieu), je viens de réaliser une course qui restera à tout jamais gravée dans ma mémoire, un parcours dantesque, un tracé de choix, ludique avec des chemins ouverts à l’arrache, varié, accidenté, sensationnel, imprévisible, un décor incroyable malgré la pluie qui m’a accompagnée sur de nombreux kilomètres, une organisation exemplaire, des bénévoles souriants et serviables à l’envi, une ambiance fantastique entre coureurs, au final un immense plaisir, une épopée formidable. Bref un trail qui a tenu toutes ses promesses. Alors c’est vraiment ça l’enfer ?

 

 

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Tous « fous du Hérou » (n’est – ce pas, Jean – Phil?), on y retourne dès que possible. Chose dite, chose faite, le lendemain matin, après une nuit bien méritée et un endormissement favorisé par l’absorption délicieuse de deux bières, une Lupulus et une Tharée (respectivement 9 et 8 degrés), je retourne sur le rocher du Hérou à 300 mètres de l’hôtel pour admirer une dernière fois la paroi majestueuse et le panorama étourdissant, cette fois sous le soleil ...

 

 

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un chien débaliseur  !

 

 

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23/09/2017
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