ULTRA TOUR DES 4 MASSIFS (15 – 18 juillet 21) : 178 km, 12000 m de D+ - Une aventure humaine et sportive au long cours
ULTRA TOUR DES 4 MASSIFS (15 – 18 juillet 21) : 178 km, 12000 m de D+ - Une aventure humaine et sportive au long cours
Courir 4 jours de suite à raison de 45 km en moyenne par jour et 3000 mètres de dénivelé positif n’était même pas envisageable dans mes songes il y a quelques mois. Faire d’une seule traite le parcours oui, mais le fractionner en 4 étapes de jour, non ! Pourquoi ? d’abord l’inconnu … jamais expérimenté 4 cours d’affilée, et deuxièmement comment gérer l’effort ainsi que les courbatures qui allaient nécessairement faire leur apparition probablement dès le 2ème jour de course. C’est pourquoi, pour mener à bien l’entreprise, un entraînement rigoureux et adapté s’imposait. Il aura consisté à organiser des week – ends chocs (2 à 3 sorties longues de suite) et à suivre une progression, en alternant chaque semaine séances de vitesse, fractionné, fartlek, côtes, seuil … L’UT4M a été mon objectif de l’année, ce n’était pas celui de Lionel qui prépare l’UTMB. Mais quand on peut préparer des séances ensemble, suivre des progressions semblables, s’aligner sur des courses communes, c’est tellement plus motivant et plaisant à la fois.
Mercredi 14 juillet : la pluie continue de tomber, se faisant un malin plaisir à masquer la vue sur les montagnes et la vue sur Grenoble quand on s’est retrouvés, après avoir emprunté le téléphérique, au sommet de la Bastille surplombant la ville. Le scénario d’une course sous la pluie durant 3 jours sur les 4 que compte la course s’impose de plus en plus nettement dans les esprits. Malgré tout, j’ai hâte d’y être, hâte de me retrouver au cœur des 4 massifs, hâte de connaître des sensations nouvelles. Le profil de chaque étape affiche des ascensions et des descentes longues et techniques. Les ravitaillements, liquides, ou solides et liquides à la fois (une merveille les fromages servis !), sont en nombre raisonnable et variés.
Jour 1 (jeudi 15 juillet): massif du Vercors (39 km et 2800 mètres de D+) départ à 8H de Seyssins. 6h de pluie sur les 7h30 de course. Il fallait deviner les décors (combien de coureurs dégainent leur caméra pour photographier les 3 Pucelles (3 aiguilles rocheuses qui daignent se dévoiler) et apprivoiser les coulées de boue. Ça forge le caractère, surtout quand il est déjà bien trempé ! Malgré tout, si la montagne est quasiment invisible, le côté ludique du parcours (marches interminables du tremplin olympique de 1968, descentes vertigineuses dans la boue occasionnant quelques glissages, chutes et quantité de fous rires) l’emporte sur l’adversité des éléments naturels. Aussi, il convient de se ménager car le plus dur est à venir. L’arrivée à Vif (heureusement au sec) après deux ultimes et cruelles bosses et une petite erreur de parcours vite rétablie, se fait sereinement, avec le sentiment très fort d’une course correctement gérée malgré les difficultés liées à la pluie. Reste à se changer avant de reprendre le bus, à nettoyer les baskets au jet, à se restaurer un peu … C’est alors que deux jeunes femmes souriantes s’approchent de moi; l’une d’elles, portant deux nattes, me demande si je ne connais pas Nicolas. Mes yeux sont écarquillés, mes traits se décrispent ! Mais oui, pas possible, incroyable ! Ce Nicolas, il ne connaît que des filles sympathiques et charmantes !
Jour 2 (vendredi 16 juillet): massif de Taillefer (50 km, 3500 m de D+), épreuve la plus longue, nettement moins pluvieuse que la veille, les yeux se délectent par intermittences de splendides décors, les jambes vont plutôt bien dans l’ensemble, le public est toujours aussi présent et réactif pour nous encourager; aussi, nous avons l'immense plaisir de partager plusieurs km avec Anne, la jeune femme aux nattes, et d'être reboostés aux ravitos par sa bienveillante et si sympathique Amélie. Les yeux commencent enfin à s’émerveiller des décors, comme ce lac qui émerge comme par magie de la brume, mais les jambes peinent parfois dans les montées. La Vallée de la Morte porte bien son nom ! C'est rude ! La descente finale et infernale tétanise quelque peu mes cuisses à mi - descente... nous avons facilement dépassé une vingtaine de coureurs. Il faut encore un peu monter après le pont avant de franchir l’arche d’arrivée de la deuxième étape à Rioupéroux.
Jour 3 (samedi 17 juillet): massif de Belledonne (46.5 km, 2700 de D+), épreuve la plus physique (ça débute par un kilomètre vertical), la plus technique, la plus usante (rochers pointus, neige, passages escarpés, pierriers, défilés ... et j'en passe et j’en casse !), mais aussi la plus grandiose et étourdissante en terme de paysages (lacs, alpages …). Les courbatures me freinent dans les descentes où je serre les dents ..,; les montées sont raides de chez raide, (du pentu vosgien puissance 10), mais le soleil règne sur l'immense couverture nuageuse, et l'euphorie du public sur les sommets (notamment Croix de Chamrousse et Pic du Loup) nous donne des ailes. Quel plaisir inespéré de pouvoir courir dans la neige, glisser, traverser les névés … Certains passages sont cependant périlleux, toujours signalés par une pancarte. Le final en direction de Saint – Nazaire – les – Eymes est éprouvant : 6 km de plat au soleil, essentiellement sur du macadam. Ça fait mal, je doute, me demande si le lendemain je peux reprendre. Lionel qui a déjà en 2017 participé à cette épreuve sous un soleil ardent répond par l’affirmative. Je reste malgré tout perplexe ... Je ne me ravitaille pas (longue file d’attente), préférant me reposer un peu dans l’herbe. Me relever est un supplice tant mes jambes sont lourdes et douloureuses.
Finalement la veste imperméable que j'avais omis de prendre dans mon sac (j'ai bien cru que je n'allais pas pouvoir prendre le départ lors de la vérification du sac à l'entrée du sas) n'aurait pas servi, mais cet oubli m'a servi de leçon: toujours revérifier !
Jour 4 (dimanche 18 juillet): massif de la Chartreuse (42 km, 2850 de D+): après quelques centaines de mètres où tous les 3 avons l'impression d'avoir du plomb dans les cuisses, nous attaquons la première montée, par paliers, avec des moments de plat régénérant ... je trouve vite un rythme qui me convient, les courbatures s'estompent et se trompent sur mes intentions du jour. Nous saluons et encourageons plusieurs concurrents de l’Xtrem (ceux qui font les 170 km d’une seule traite). Nous évoluons encore dans les nuages, mais les décors diffèrent de la veille, le parcours est globalement roulant, je m'accroche, l'ivresse s'empare de mon être quand je me lâche dans les descentes, les montées sont plus aisément appréhendées comme Chamechaude et ses magnifiques pâturages. Il reste même pas 15 km de descente, passage dans le Fort de Grenoble (la Bastille), ça dépasse un peu, on entend le speaker, la descente s’éternise, la vitesse s’accélère, je descends à grandes enjambées (la fameuse 6ème vitesse !) puis le dernier km tout plat au centre – ville de Grenoble me fait grimacer, enfin l'arche d'arrivée ... 35h55 de course au total. Je n'ai pas les mots ... je suis heureuse, tout simplement. Wahou même pas mal ... le soleil brûle pourtant, celui-là qui s'est fait tant désirer.
Énormes mercis à Lionel pour l’accompagnement, les précieux conseils, les encouragements et les photos ; énormes félicitations à Anne qui n'avait jamais couru en trail plus de 56 km. Ça promet !
Enormes mercis et bravos à l'organisation et aux bénévoles qui ont assuré sur tous les plans avec le sourire ! Une édition plus que réussie. Pour la météo peut largement mieux faire, mais ça fait partie du challenge.
On pense déjà au prochain challenge. ... la formule de courir plusieurs jours de suite est alléchante. Le lendemain les jambes sont prêtes à repartir … mais non, il faut repartir en Lorraine …
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